Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a ordonné ce jeudi l’annulation unilatérale d’un contrat de 6,6 millions d’euros conclu avec la société israélienne IMI Systems (Israël Military Industries) pour l’achat de plus de 15 millions de munitions de calibre 9 mm, selon les médias espagnols. Le contrat, signé par le ministère espagnol de l’Intérieur et représenté en Espagne par la société Guardian Defense & Homeland Security SA, figurait sur le site des marchés publics le 17 avril.
La décision intervient après une vive pression exercée par les partis de la gauche radicale, membres de la coalition gouvernementale, qui avaient menacé de quitter le gouvernement si l’accord n’était pas annulé. Bien que le conseiller juridique du gouvernement ait déconseillé l’annulation — affirmant qu’elle violerait le droit des contrats et coûterait cher à l’État sans livraison du matériel destiné à la Garde civile —, le gouvernement a décidé de maintenir sa ligne de conduite.
Un responsable espagnol a confirmé à Reuters et à la presse locale que Madrid entend respecter l’embargo sur les armes imposé à Israël depuis le début de la guerre à Gaza, et refuse désormais de contribuer aux revenus des entreprises de défense israéliennes. En invoquant « l’intérêt public », les autorités espagnoles refuseront à IMI l’autorisation d’importer le matériel, et sont prêtes à assumer les conséquences juridiques.
Autrement dit, le gouvernement de Sánchez préfère assumer la perte financière liée au contrat plutôt que risquer une crise politique majeure au sein de sa coalition. Le ministère de l’Intérieur a indiqué ce jeudi que le contrat est toujours formellement en vigueur, mais selon la presse espagnole, son annulation pourrait intervenir dans les heures à venir.
Israël a vivement réagi à cette décision. Le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré au journal El País : « Le gouvernement espagnol sacrifie sa propre sécurité sur l’autel de considérations politiques. Il continue de se placer du mauvais côté de l’Histoire. »